Prix Y. Gubler

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Prix Y. Gubler

Le prix « Yvonne Gubler » est remis tous les deux ans par l’Association des Sédimentologistes Français (ASF) sous l’égide de la FFG pour honorer la thèse d’un jeune docteur.

Le prix

Le prix « Yvonne Gubler » est remis tous les deux ans par l’Association des Sédimentologistes Français (ASF) sous l’égide de la FFG pour honorer la thèse d’un jeune docteur. Il est accompagné d’une somme fixée à 2000€. Ce prix honore la mémoire de Madame Yvonne Gubler-Wahl, qui a largement contribué à l’émergence de la sédimentologie telle que nous la connaissons aujourd’hui et qui a assuré sa pérennité en combinant Recherche et Industrie, Association et Compagnonnage. Outre la contribution d’Yvonne Gubler à notre science, ce prix rappelle également à l’ensemble des membres de l’association l’importance de transmettre les savoirs pour continuer à progresser, qui faisait partie de sa philosophie.

Le Lauréat est invité à faire une présentation au congrès de l’ASF ou à la RST .


Qui était Yvonne Gubler?

Yvonne Gubler débute sa carrière par l’analyse stratigraphique et structurale de « La nappe de l’Ubaye au Sud de Barcelonnette » entre Allos et la Cayolle, thèse soutenue en 1928. Elle fait œuvre de pionnière en la faisant contre l’avis de son patron, apportant une mixité non démentie depuis. Ces montagnes, entre Basses-Alpes et Haute-Provence, seront son laboratoire terrain. Qui se soucie encore de sa contribution (1958) aux grès d’Annot ? Qui se rappelle qu’elle y a lancé la thèse de D.J. Stanley en parallèle à celle d’H. Bouma ? Qui savait que nous lui devons la reconnaissance de ces pattes de petits échassiers dans la Molasse de Digne ? Tout au long de sa vie, comme leitmotiv, elle n’aura de cesse d’ancrer l’analyse au terrain et à l’observation puis d’y revenir pour valider les modèles.

Après le Tonkin, le Cambodge et le Maroc, Yvonne Gubler entre à la SNPA comme chef géologue en 1942 et devient professeur à l’Ecole du Pétrole, délocalisée à Toulouse pour faits de guerre. Elle en profite pour travailler avec la RAP puis le BRP. De cette période, son nom est associé à la stratigraphie : nous lui devons notamment ce besoin d’affirmer les corrélations stratigraphiques par les données paléontologiques et de se servir des foraminifères à des fins environnementales. En 1946, elle devient responsable à la fois de la division Sédimentologie de l’IFP et de l’enseignement de la stratigraphie et de la géologie sédimentaire à l’Ecole Nationale du Pétrole et des Moteurs. Sans contestation, elle y fonde l’Ecole française de Sédimentologie, combinant faciès et dynamique, comme attesté par l’ « Essai de nomenclature et caractérisation des principales structures sédimentaires » (1966) et illustré par « Les Grès du Paléozoïque inférieur au Sahara. Sédimentation et discontinuités, évolution structurale d’un craton » (S. Bœuf, B. Biju-Duval, O. de Charpal, P. Rognon, O. Gariel, A. Bennacef, 1971). Tout montre qu’au-delà de sa discipline, ses préoccupations sont de transmettre et former ; préoccupations au-delà de son activité professionnelle. A sa retraite, au début des années 70, elle fonde 

et anime avec quelques uns un enseignement supérieur sur les « Méthodes et reconnaissances des bassins sédimentaires » à l’Université d’Orsay (actuellement Université Paris Sud) pour permettre à de jeunes diplômés universitaires une intégration immédiate dans l’industrie pétrolière, minière… Dans le même temps elle participe à l’animation et la vulgarisation environnementale (dont géologique bien sûr) de son pays de Chamonix au sein de la Réserve Naturelle des Aiguilles Rouges. Toujours dans un souci de transmettre la’ connaissance’ elle crée le Comité Scientifique des Réserves Naturelles de Haute-Savoie dont elle assure la Présidence pendant de nombreuses années.

Créatrice infatigable, elle fonde avec quelques autres collègues l’Association des Sédimentologistes Français, qu’elle présidera ensuite. De 1971 à 1975, elle sera président de l’Association Internationale des Sédimentologistes, IAS, dans un temps où publier en français était tout à la fois de cour tant au BSGF qu’à Sedimentology. « Without her the I.A.S. would never have evolved the way it did » souligne H. Reading (2003). Elle milite pour un accès facile à la connaissance : cotisation accessible aux jeunes collègues, volumes thématiques à coût abordable. Son mandat se finit par le Congrès international de Sédimentologie à Nice (1975), qui reste encore à ce jour une étape essentielle pour notre discipline. De son passage au sein de ces deux associations, comme au cours de sa vie professionnelle, elle a toujours milité et agit pour que le savoir et son amélioration passent par la communication et l’apprentissage. Ceux qui l’ont connue soulignent également tout à la fois son exigence et sa disponibilité, ses capacités d’accueil et de stimulation d’idées nouvelles, non-conformistes, de remise en question des « certitudes » ….

Au long des prochaines années, le prix « Yvonne Gubler » va nous permettre d’honorer de jeunes collègues et ainsi de pérenniser une certaine idée de la Sédimentologie et plus largement de la démarche scientifique que cette pionnière illustra si magnifiquement et … modestement.

Olivier Parize,
avec la participation amicale de Sophie Julian, petite fille d’Yvonne Gubler,
Vespasian Apostolescu, Bernard Beaudoin et Jean Dellenbach.


Historique du prix

La première édition (2009) a été remise à Mr Sébastien ROHAIS (Rennes, IFP) pour ses travaux sur l’Architecture stratigraphique et flux sédimentaires sur la marge sud du golfe de Corinthe (Grèce) : analyse de terrain, modélisations expérimentales et numériques.

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N°24 – Avril 2024

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